Éros, bobine attique à figures rouges, v. 470-450 av. J.-C., musée du Louvre          Éros

Dans la mythologie grecque, Éros (en grec ancien Ἔρως / Erôs) est le dieu de l'Amour en tant que passion sexuelle.

Mythe

Selon la Théogonie d'Hésiode, il naît directement du Chaos primitif. Il incarne ainsi allégoriquement une des forces primordiales, un des moteurs de notre monde : l'amour passionnel.

Il est également le dieu du désir sexuel, qui rapproche les êtres et pousse la vie à se perpétuer. Toujours selon Hésiode, quand Aphrodite apparaît, présidant à l'amour conjugal (union ordonnée des sexes et pendant de l'amour passionnel), Éros se met à son service.

Cette tradition qui fait d'Éros un dieu primordial est reprise dans le Banquet de Platon. Cependant, dans des traditions plus récentes  il passe pour le fils d'Aphrodite et d'Hermès ou encore d'Arès. Dans ce cadre, il a pour frère Antéros, dieu de l'amour mutuel.

Culte

Il est honoré en Grèce antique spécialement comme le dieu de la pédérastie. Les Spartiates et les Crétois lui sacrifient avant une bataille, le bataillon sacré de Thèbes lui est consacré, et Athènes l'honore comme le dieu libérateur de la cité en l'honneur d'Harmodius et d'Aristogiton, les tyrannoctones. Son sanctuaire principal est situé à Thespies.

Son avatar romain, Cupidon, est souvent représenté sous les traits d'un jeune enfant espiègle, joufflu, avec deux petites ailes dans le dos et portant un arc, qui lui sert à décocher des flèches d'amour.

Représentations artistiques

À l'origine, Éros est représenté comme un être androgyne. À l'époque classique, il apparaît comme un jeune homme doté d'ailes, d'un arc et d'un carquois. À partir de l'époque hellénistique, il apparaît concurrement au type de l'Éros-éphèbe celui de l'Éros-enfant. Dès cette époque, Éros perd sa signification religieuse pour devenir ornemental. À partir de la Renaissance, sa représentation est assimilée à celle des anges pour parvenir au putto.

On peut voir une statue le représentant sur la place Piccadilly Circus à Londres

 

 

The Angel of Christian Charity ou Eros, statue en aluminium représentant en fait Antéros réalisée par Alfred Gilbert, Piccadilly Circus, Londres, 1893                    Antéros

 

Dans la mythologie grecque, Antéros (en grec ancien Αντερως / Anterôs), fils d'Arès et d'Aphrodite, est le frère d'Éros.

Symbolisme

Il incarne le « contre-amour » (signification de son nom), c'est-à-dire l'amour non partagé, mais punit également ceux qui se moquent de l'amour. Sa nature est bien illustrée par la légende athénienne de Timagoras et Mélès, rapportée par Pausanias (I, 30) : considéré comme l'esprit vengeur de Timagoras (précipitant Mélès dans la mort pour le dédain qu'il avait eu de lui), Antéros possédait un autel dans la cité.

Le terme d’« antéros » se retrouve également dans le Phèdre de Platon, lorsque Socrate prononce son second discours sur l'amour où, parlant du sentiment naissant qu'un jeune garçon (éromène) éprouve pour un éraste, il décrit :

« Mais, tout comme celui qui de quelque autre a pris une ophtalmie est hors d'état de prétexter une cause à son mal, lui, il ne se doute pas qu'en celui qui l'aime, c'est lui-même qu'il voit, comme en un miroir : en sa présence, la cessation de ses souffrances se confond avec la cessation des souffrances de l'autre ; en son absence, le regret qu'il éprouve et celui qu'il inspire se confondent encore : en possession d'un contre-amour qui est une image réfléchie d'amour. »
(255d, trad. Léon Robin)

Évocations artistiques

Antéros est le sujet du Shaftesbury Memorial à Piccadilly Circus (Londres), où il rappelle la philanthropie du comte de Shaftesbury. Cette fontaine est en effet surplombée d'une statue nommée The Angel of Christian Charity (« L'Ange de la charité chrétienne ») ou plus communément Eros. Mais son sculpteur, Alfred Gilbert a bien voulu représenter le sujet d'Antéros pour dépeindre un amour « reflective and mature (...), as opposed to Eros or Cupid, the frivolous tyrant. » (traduction : « [un amour] réfléchi et mûr, contrairement à Éros ou Cupidon, le tyran frivole. »).